jeudi 28 mai 2009

Le Grand Nord canadien



Le Grand Nord

Conte du grand nord

Il était une fois un chasseur qui vivait avec sa fille unique quelque part au pays de l'ours blanc … sa femme était morte et il commençait à sentir les effets de l'âge : les phoques devenaient plus difficiles à attraper à mesure que le temps passait … Il était temps qu'il marie sa fille et que ce soit son nouveau mari qui chasse maintenant pour la nourrir.

Sa fille était très jolie et un peu vaniteuse, et elle avait refusé tous les prétendants qui s'étaient présentés – au grand désespoir de son père. Un jour – alors que son père n'y croyait plus - elle s'était enfin laissée convaincre par un chasseur étranger qui avait les plus beaux vêtements en peau de phoque et d'ours qu'on avait jamais vu sur le campement. La noce avait été vite célébrée et elle était donc partie dans le kayak de son mari qui vivait sur une île éloignée.

Quelques mois plus tard, le père avait fait un rêve étrange où il avait vu sa fille l'appeler à l'aide. Il avait donc décidé d'aller la voir et était parti avec un umiak (grand bateau inuit en bois flotté et en peau de phoque) avec l'aide de quelques femmes pour manier les rames.

En arrivant sur l'île, il avait retrouvé sa fille qui vivait seule dans une grotte, les cheveux en désordre, affamée et triste : En fait son mari disposait de pouvoirs magiques et il était un chien déguisé en homme … Il la traitait très mal et la nourrissait à peine.
Le père avait décidé de la ramener avec lui au campement de la tribu et ils étaient repartis de l'île dans le bateau. Alors qu'ils s'éloignaient, le mari de la jeune femme – sous sa forme de chien – s'était mis à la recherche de son épouse. Ne la trouvant pas, il s'était transformé en corbeau pour faire le tour de l'île et il avait aperçu, là-haut le petit point gris de l'umiak qui s'éloignait. Il avait alors fait appel aux esprits du vent pour assouvir sa vengeance …
Dans le bateau, le père avait vu le beau temps se transformer tout d'un coup : la mer était devenue agitée, puis forte, puis le vent avait soufflé de plus en plus fort – de manière pas naturelle, magique – jusqu'à menacer le bateau et tout son équipage. Il avait tout de suite compris qu'il avait affaire à un esprit très puissant et il avait réagi vite pour sauver sa vie et celle de l'équipage : d'un coup de rame il avait assommé sa fille et l'avait jetée à l'eau pour calmer cet esprit malfaisant.
Malgré l'eau glaciale et le coup sur la tête, elle avait quand même réussi à nager jusqu'au bateau et elle s'était accrochée des deux mains au bord du bateau. Son père l'avait repoussée mais elle ne voulait pas lâcher ! Il avait alors sorti son couteau et avait coupé toutes les phalanges de ses doigts pour la rejeter à l'eau.

Elle est alors partie au fond de l'océan, mais – sans doute sous l'influence imprévue des esprits du vent – elle est devenue un esprit très puissant du fond des océans et toutes ses phalanges tombées à l'eau se sont transformées en morses, phoques, lions de mer et autres animaux marins que les hommes peuvent chasser pour se nourrir.

Devenue déesse de la mer, elle est connue sous le nom de Sedna ou Sanna au nord du Canada et de l'Alaska, Nuliajuk dans les territoires du nord-ouest, Arnakuagsak ou Arnarquagssaq au sud du Groenland et Nerrivik au nord …

Elle garde un contrôle sur tous les animaux de la mer et a le pouvoir de les envoyer ou non vers les chasseurs – et de leur permettre de se nourrir – ou non :
pouvoir de vie ou de mort sur toute la tribu dans le grand nord.
Seul le chaman a le pouvoir de calmer la déesse de la mer quand elle est en colère contre les hommes : il entre en transe et descend au fond de l'eau à sa rencontre, sous la forme de l'esprit d'un animal marin et il lui peigne les cheveux pour l'apaiser (ce qu'elle ne peut plus faire sans les phalanges de ses doigts).

Cette histoire – avec de nombreuses variantes - est commune à toutes les cultures du grand nord et le culte de la déesse de la mer et les rites chamaniques associés sont présents partout dans l'arctique
(Fabrice)

Vidéo sur 'Le Grand Nord canadien':

2 commentaires:

Chantal Duros aka Enyarwen a dit…

Etrange légende....mais c'est toujours super d'en découvrir de nouvelles...
Le Grand Nord est peut être un peu trop froid pour moi, mais les paysages sont superbes....
Merci pour ce rafraichissement....!!
Bisoussssssssssssss

moreena a dit…

Magnifique légende et superbes images.Combien faut-il de courage à ces hommes..et animaux pour y vivre ou survivre...! Merci,soeurette pour cette belle vidéo. Même si je n'aime pas la grosse chaleur,ce grand froid ne m'incite pas à aller faire un tour là-bas.Bizzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz.